La légende raconte qu’il y a fort longtemps, vivait dans l’actuel Somalie, une reine tellement puissante, influente et respectée que la Reine de Saba lui envoyait des cadeaux en pièce d’or pour la féliciter. Elle s’appelait Ebla Awad mais tout le monde la connaissait sous le nom de “Reine Arawelo”. Elle serait arrivée au pouvoir vers le XV esiècle de notre ère après une longue guerre entre les clans somaliens.
Reine Arawelo : dictatrice sanguinaire ou gardienne de la paix ?

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Il existe de nombreuses versions de la vie et du règne de cette reine atypique. Selon une première version, elle était une reine impitoyable qui -dans le but de mettre fin aux guerres claniques- castrait les hommes qui osaient s’opposer à elle ou les réduisait en esclavage. Toujours selon cette première version, la reine eu deux fils et une fille. Elle fit émasculer les deux garçons, les obligeants à s’occuper de ses chamelles. Lorsque sa fille tomba enceinte et accoucha d’un fils, elle s’enfuit avec lui de peur de voir ce dernier se faire castrer comme ses frères. Celui-ci, une fois devenu adulte, revint et réussit à tuer la reine, mettant ainsi fin au règne de terreur de cette dernière et renversant par la même occasion le matriarcat qu’elle avait réussi à imposer.
Selon la seconde source, avant d’être reine, pendant les sécheresses de Buraan, Ebla allait chercher de l’eau avec une équipe de femme et chassait pour empêcher son village de migrer et le soulageant ainsi de la famine. Elle était la 3e d’une famille de trois filles. Elle était mariée à un homme qui pensait que les femmes devait se limiter aux travaux domestiques et laisser le reste aux hommes. Arawelo pensait par contre que :
Une inversion des rôles était nécessaire car elle considérait que les les femmes étaient des gardiennes naturelles de la paix. elle avait remarqué en grandissant que les hommes était généralement les instigateurs, les participants et les conducteurs de la guerre et de la politique.
De chasseuse à cheffe de guerre
Une véritable figure de l’émancipation féminine

Comme beaucoup de dirigeantes, elle croyait que la société devrait être basée sur un matriarcat. Pour cette raison, elle s’est battue pour l’autonomisation des femmes somaliennes. Elle est l’une des toutes premières femmes dirigeantes au monde à être une figure de l’émancipation de la femme.
Il se raconte qu’après son couronnement, la reine a réuni ses sages pour leur demander conseil. Elle leur a dit que l’arrêt de la guerre était l’une de ses priorités. La conférence a abouti à un plan en 3 points. Dans un premier temps, il s’agissait “d’approcher les parties en conflits pour leur proposer une réconciliation impartiale”. Ensuite “leur donner un avertissement en cas de refus” et enfin “leur déclarer la guerre s’ils refusent toujours”. Dans ce sens, elle a commencé à construire autour d’elle une armée forte. Mais avant de lancer la guerre, la reine Arawelo ordonna la construction d’une immense prison pouvant accueillir des milliers de prisonniers. Cette prison est ensuite devenue la demeure de nombreux chefs de clan qui ont refusé sa proposition de paix.
Il faut savoir que ce genre de projet (la prison) n’avait jamais été entendu dans la société somalienne de cette époque. De ce fait, lorsque de nombreux hommes emprisonnés ne sont pas revenus auprès de leurs familles, beaucoup de gens se sont demandés pourquoi ces hommes n’avaient pas pu s’échapper. Des rumeurs ont donc commencé à courir sur ce qui leur était arrivé. Dans la culture somalienne, les testicules d’un homme sont considérés comme sa force vitale. Les Somaliens croient que si un homme perd ses testicules, il ne peut pas s’échapper, penser ou s’évader. Étant donné que la prison était de sécurité maximale et que personne ne pouvait s’en échapper, beaucoup de gens étaient convaincus que les hommes avaient été castrés.
Lorsque la reine a entendu ces rumeurs, elle en fut amusée et encouragea son personnel à la répandre. Elle le fit pour effrayer ses ennemis et cela a permis à la reine d’éviter d’autres effusions de sang et de décourager d’autres jeunes à rejoindre le rang de ses ennemis. Malheureusement, le jour de son 40e anniversaire, un seigneur de guerre renégat appelé Oday Biqay la fit tuer alors qu’elle assistait aux funérailles d’une femme âgée vénérée. C’est ainsi que le règne d’Ebla Ewad, la grande reine somalienne pris fin. Après sa mort, les différents clans ont commencé à se regrouper, à se réarmer et à se massacrer à nouveau.
Une légende qui perdure dans la société somalienne actuelle
Les références à la reine Arawelo dans la culture somalienne incluent aujourd’hui le surnom d’une fille / femme très affirmée et dominante « Caraweelo». Selon une source, elle aurait également été la ‘’reine Harla’’ de l’ancien peuple somalien. L’emplacement exact de son royaume Iola est incertain, car toute architecture abandonnée par son royaume aurait presque disparu.
Ce qu’on peut retenir c’est que la reine Arawelo était dure et sans pitié avec les fauteurs de trouble. Mais finalement, elle a libéré des milliers de Somaliens de la guerre, de la pauvreté et de l’humiliation. Beaucoup la qualifient comme une femme de bien qui a gouverné son peuple avec équité et justice.